
Crédit photo : Almaïm
Je suis né à Tours (France) en 1991 et j’ai grandi au bord de la Loire, un fleuve majestueux et incertain. Cette proximité avec les éléments a marqué mon enfance. Aujourd’hui je m’intéresse aux traces du temps sur nos vies et aux pouvoirs évocateurs des paysages. En 2018, j’ai commencé un travail de recherches sur la notion d’art processuel. Chaque étape est indispensable et me permet d’apprendre, de découvrir et d’annoncer de nouvelles idées pour la suite. Ce qui m’importe aujourd’hui n’est pas tant le résultat de mes recherches, mais la manière d’y parvenir. J’expérimente la matière comme un cheminement de pensée en acceptant de me laisser guider par mon instinct. La série Héritage(s) met en scène des réflexions sur l’Homme et notre Monde dans une danse à trois temps : construction - destruction – création. Héritage(s) est un archétype du contenant, dans son acception la plus simple : objet à usage domestique, il est le berceau de l’humanité nourri par des siècles de récits et d’expériences. Je questionne mon apprentissage technique en activant la matière par la destruction. Le délabrement est avant tout une approche plastique et expérimentale. La recherche d’une technique et d’une esthétique autre, mène mon travail à contre courant de l’excellence des métiers d’art. L’absence de matière, la non matière, ouvre le regard sur le contenu et son histoire. L’entropie détaille également l’idée d’une société en proie à de grands tourments, l’artefact devient obsolète dès sa création. Les Hommes perdent la main et ne vouent plus que la technologie comme seul Dieu. Le fondement de cette recherche réside dans l’importance d’oser remettre nos acquis en question et de ne pas perdre son sens critique. Mon travail est fondé sur l’emploi de terres mêlées. J’utilise des grès et des porcelaines colorés, assemblés selon des techniques particulières. J’active la matière ensuite au chalumeau en altérant la surface de la terre encore crue. Je fouille au cœur de la matière et révèle des strates géologiques. Cette première confrontation au feu laisse voir une esthétique du délabrement. La matière est érodée, parfois tant attaquée qu’elle cède la place au vide, la non matière ouvre alors un passage pour le regard. Je développe des objets d’expression de matières brutes et saillantes appartenant au registre sculptural. Mon travail modifie la fonction habituelle que l'on peut attendre. L’esthétique domine et transcende l’objet. Je donne à voir des instants de vie au travers de sculptures aux allures archéologiques. Des bribes de fresques anciennes, témoins d’un passé qui nous racontent aujourd’hui qui nous sommes.